Des idées avec un jeu de cartes
quand on ne sait où donner de la tête

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Un bug dans le cerveau ?

Un cerveau aux capacités immmenses, mais quand il y a trop de possibilités, parfois rien ne sort...

100 milliards de secondes, vous savez combien de temps ça dure ?

Ça dure plus de 3000 ans.

Oui, vous avez bien lu, et vous pouvez même vérifier le résultat vous-même.

C’est aussi le nombre approximatif de neurones de votre cerveau.

Et oui, notre cerveau a une capacité de stockage immense… et avec tout ça, on n’est pas toujours en possibilité de sortir une idée… Pas dix, pas cent, une !

Et le problème n’est pas plus simple lorsque le nombre d’idées possibles est immense. Dans ce cas, c’est même pire, on ne sait où donner de la tête.

Si je prends seulement le cas du dessin, on peut s’apercevoir assez vite de cette immensité.
Inutile de vous dresser la liste de tous les objets, édifices, paysages, de tous les habits possibles pour un personnage, ni de la totalité des positions corporelles ou des expressions du visage…

Mais j’aurai pu tout aussi bien parler d’écriture, d’inventions, de décoration, de loisirs créatifs. Plus basiquement, une simple idée de cadeau peut côtoyer l’immensité.

Alors que fait-on quand notre cerveau ne sait plus où donner de la tête ?

Un jeu de carte pour s'y retrouver

J’ai créé un jeu de cartes et je vous propose qu’il vous accompagne dans votre recherche d’idées. D’autant plus que j’ai créé une version en ligne pour cela et que c’est, disons-le, plutôt marrant à utiliser.

Le jeu de cartes que j'ai inventé

Vous verrez que votre cerveau n’est pas vide, il s’agit juste de savoir chercher à l’intérieur. Je me suis d’ailleurs moi-même prêté à l’exercice pour une histoire, un dessin et la création d'un objet. A découvrir un peu plus loin.

C'est quoi l'astuce là ?

Comment pêcher les idées directement dans le cerveau ? Avec un fil...

Vous connaissez l’histoire du fil d’Ariane ?

Ariane aide Thesée à sortir d’un labyrinthe en lui donnant un fil pour retrouver son chemin.

Notre cerveau fonctionne pareil. Pour pouvoir chercher une information particulière, il a besoin d’un fil, d’un indice, quelque chose qui lui dit où chercher1.

Marcel Proust décrit une expérience similaire dans son roman A la recherche du temps perdu.

Le personnage, en mangeant une madeleine avec du thé, vit une expérience forte, suivie du souvenir que lui rappelle ce goût bien précis.

Un plaisir délicieux m’avait envahi […] Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût c’était celui du petit morceau de madeleine que […] ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.
A la recherche du temps perdu, Marcel Proust

On va donc utiliser ce principe avec les cartes. On va lancer plein de petits indices à notre cerveau, tel des fils d’Ariane pour l’aider à chercher, et ce à l’aide des fameuses cartes justement.

Ces dernières sont en effet suffisamment riches pour donner plein d’informations à notre cher cerveau. Ajoutons à cela que ces cartes ont été pensées pour stimuler la créativité à travers l’exposition aux images et textes qu’elles contiennent.

Utiliser les cartes, une idée à la fois

De petites idées en petites idées, on finit par en trouver des grandes.

Comme vous allez le constater, il y a 4 types de cartes :

  • les images de lieu
  • les images absurdes
  • les images de personnes “non conformes”
  • les phrases absurdes

Chaque type de carte constitue un tas, les faces sont visibles. Que vous choisissiez d’imprimer vos propres cartes ou d’utiliser la version en ligne, vous voyez donc 4 cartes en même temps.

4 cartes d’où vous pouvez extraire des idées, par association ou en isolant un détail, comme un mot ou un objet.

Le but sera de trouver une idée minimaliste. Par exemple, sur une des cartes vous voyez une femme qui danse. Vous remarquez qu’elle tient un foulard, ce qui vous fait penser à un magicien.

Magicien est donc votre idée minimale.

Une fois que vous avez choisi votre idée, vous déplacez la carte au milieu de la table. Dans la version en ligne, il suffit de cliquer sur “choisir cette carte”. Résultat, la carte est déplacée tout en bas de la page.

Au fur et à mesure, les cartes se placent les unes à côté des autres sur une ligne.

Idée minimale après idée minimale vous aurez développer la matière pour trouver VOTRE idée.

Schéma : fonctionnement des idées minimales ?

Mais vous allez me dire : "Avec cette technique, je vais me retrouver avec n'importe quoi, des idées bidons venues de nulle part".

En fait, si on aide notre cerveau, il peut chercher ce qui est le plus pertinent pour nous. Un exemple ?

Si je vous dis les mots rayé et cheval, à quoi pensez-vous ?

Et si je vous dis les mots rayé et voiture, à quoi pensez-vous ?

D'un côté, vous avez probablement pensé à zèbre, et de l'autre probablement à une voiture qui s'est fait rayée. Votre cerveau s'adapte au contexte. C'est pareil avec la technique des cartes.

Sachez que cette technique peut suffire en soi. Cela vous aide à brasser les idées coincées dans votre cerveau. Mais on peut aller un peu plus loin, en s’organisant un peu.

les 3 grandes étapes pour trouver son idée

Avant de trouver la bonne idée, on s'appuie sur une bonne piste.

Notre but n'est pas simplement de trouver une idée.

Non, notre but c'est de trouver une bonne idée. Et pour cela, je vous propose de vous appuyer sur une piste. Une piste stimulante pour vous, une piste qui vous donne de l'élan, qui vous attire un tant soit peu.

Une idée bonne, complète et développée ne tombe pas toujours du ciel. Il faut la traquer.

Prenez le Seigneur de anneaux. J. R. R. Tolkien n'a probablement pas eu l'idée d'un coup : tout l'univers, avec un résumé complet à la clé.

Sa première piste a très bien pu être : "je veux développer un univers fort, parallèle au nôtre et très différent, avec ses propres espèces".

Mais ça pouvait très bien être aussi : "je veux parler de la folie du pouvoir".

Et il se trouve que les cartes ne donnent pas directement une piste. Elle sont pertinentes pour amorcer votre imagination et se faire un film en quelque sorte.

Et c'est à partir de ce film que vous allez trouver votre piste, et enfin votre idée.

La formation d’une idée va donc se baser sur ces 3 grandes étapes :

  • se faire un film
  • trouver une piste
  • développer l’idée

La 1ère et dernière étapes seront accompagnées par les cartes. Mais voyons pour le moment simplement ces étapes.

Prenons l’idée de dessin dont je vous ai parlé.

A l’étape “Se faire un film”, j’ai trouvé ceci : un chevalier tient une torche dans la main et veut rallumer le soleil qui est éteint. On voit de l’eau qui coule du soleil.

Vous voyez, je me suis fait un “film”. A cette étape, l’idée est souvent un peu compliquée, alors on la simplifie pour en faire une piste.

Et voici ce que j’ai trouvé : une personne fière, détient une flamme au bout d’un doigt ou des doigts.

J’ai remplacé chevalier par fier et soleil par flamme. En revanche, la piste est souvent trop simple, il faut donc la développer.

A l’étape “développer l’idée”, j’ai trouvé ceci : un joueur de cartes (avec un chapeau haut de forme) tient une carte, avec une flamme dessinée dessus. Et la carte commence à flamber. Il a une carte coincé dans le ruban de son chapeau.

Là également, vous pourrez constater que j’ai modifié l’idée. La flamme ne vient plus des doigts, mais de la carte.

Et pour finir, à l’étape "je dessine comme un grand", j’ai créé ceci :

Le dessin du joueur de cartes

Mais assez d’explication. Il est temps de voir la méthode en entier avec un exemple complet.

Un exemple : trouver une idée d'histoire

Comment j'ai trouvé une idée d'histoire avec les cartes et les 3 étapes ?

Voici 4 cartes numérotées. J’y fais référence juste après.

1ère ligne de cartes pour trouver une histoire

J’ai d’abord choisi la carte numéro 1. J’ai sélectionné le mot “bruit”. Pour mon idée minimale j’ai pensé à un grand bruit.

J’ai enchaîné avec la carte numéro 2. La bouteille est en verre. Associé à l’idée de bruit de la première carte, j’ai pensé à une vitre cassée. Vitre cassée est donc ma deuxième idée minimale.

Sur la troisième carte, j’ai sélectionné les nuages. Avec l’image de la vitre brisée, j’ai pensé à un endroit brumeux, sûrement un lieu abandonné, inquiétant où une fenêtre pourrait être cassée. Ma 3ème idée minimale est donc : atmosphère brumeuse ou sombre.

Sur la quatrième carte, les couleurs vives sur le visage m’ont évoqué des émotions vives. Normal on est dans un lieu inquiétant. Mon idée minimale est donc : une personne en panique.

A partir de ces 4 idées minimales, je me suis fait le film suivant : j’imagine une personne paniquée qui casse une vitre parce qu’elle enfermée dans un lieu inquiétant et à l’abandon.

A partir de ce film, j’ai simplifié et j’ai trouve ma piste : une personne veut s’enfuir d’un bâtiment désaffecté. Point. C’est simple, et au besoin j’aurai toujours en tête cette atmosphère de panique, cette vitre cassée ou que sais-je encore. Mais pour me laisser plus de souplesse pour la suite, j’ai simplifié.

Et rebelote, on utilise de nouveau les cartes. Voici donc les 4 cartes suivantes que j’ai choisies.

2ème ligne de cartes pour trouver une histoire

La carte numéro 5 m’a évoqué deux plans parallèles. Avec cette idée de lieu, j’ai pensé à des dimensions parallèles ou un endroit aux propriétés étranges. Mon idée minimale a donc été : un voyage entre deux niveaux. Cela pourrait être un voyage dans le temps, mais ça pourrait être autre chose. A ce stade, je ne précise pas plus.

Sur la carte numéro 6, j’ai repéré le smartphone. Cela pourrait m’évoquer la communication, mais au vu de l’ambiance, ça m’a plutôt évoqué le contraire : l’impossibilité de contact. C’était donc cela mon idée minimale. Comme je l’ai déjà précisé, toute association d’idée est possible. Rien n’empêche de penser au contraire de l’élément trouvé.

Sur la carte 7, j’ai vu le nid et j’ai tout de suite pensé à une idée de naissance ou de début. Je ne savais pas exactement pourquoi j'avais choisi cette idée, mais intuitivement ça me parlait. Naissance ou début était mon idée minimale.

Et enfin la carte 8. Là, j’ai vu un tout petit détail de l’image : un chemin de terre au loin. Et avec tout l’univers que j’avais développé, j’ai pensé au labyrinthe. Le labyrinthe est inquiétant, il correspond bien à l’idée d’enfermement que j’ai déterminé précédemment.

A partir de ces nouvelles cartes, j’ai pu créer mon idée. Mais avant de vous la révéler, je vous laisse découvrir l’histoire que j’ai écrite.

L'histoire que j'ai inventée

Irina ne se rappelle pas ce qu’elle fait là.

Elle est enfermée dans ce vieux bâtiment ; abandonné ; sombre.

Chaque fois qu’elle pense sortir, elle se retrouve dans une autre pièce. D’heures en heures et de pièces en pièces, le bâtiment prend de plus en plus l’aspect d’un labyrinthe. Elle y voit des choses bien étranges. Dans le grand couloir de ce bâtiment froid, c’est son grand-père qui l’engueule pour un pot de fleur cassé ; dans la petite pièce sombre que jonchent de vieux pots de peintures, c’est sa mère qui la somme d’aller dormir.

Chaque nouvelle pièce lui fait revivre un événement. Et toujours impossible de sortir de ce foutu bâtiment. Jusqu’au moment où elle se souvient. Ce bâtiment, c’est l’entreprise de son père. Elle va donc jusqu’au bureau. Le chemin, elle le connait c’est sûr. Elle se glisse jusqu’à l’entrée, ouvre et le voit qui se tient là.

A cet instant, elle ressent de la colère, envers ce père qui n’était pas présent. Elle s’approche malgré tout de lui. Et là contre toute attente, il s’excuse.

Il s’excuse de son absence. Cette maudite entreprise l’a bouffé petit à petit. Serait-ce trop tard ? Pourrait-il retrouver sa fille après tout ça ? Il détourne la tête pour cacher maladroitement ses yeux vitreux. L’instant d’après, il ne retient plus ses lèvres déjà tremblantes et s’effondre.

Elle s’approche encore un peu et vient le consoler. Il pleure encore ; elle pleure avec lui… Et d’un coup, la lumière !

Une lumière écrasante. S’habituant un peu, elle entrevoit sa mère, les yeux dans le vague. A droite, son père, les yeux rouges, lui tient la main. A peine plus loin, son grand-père fonce dans le couloir et s’écrit : “Docteur, docteur, elle s’est réveillée !”.

Voilà, c’est la fin. Il faudrait développer plus chaque détail, l’ambiance, la relation avec la famille et notamment avec le père. Mais je ne voulais pas trop m’étaler.

Je peux donc vous révéler maintenant l’idée qui m’a permis d’écrire ce texte.

Une personne est enfermée dans un cauchemar qui prend l’apparence d’un bâtiment abandonné dont elle ne peut sortir. Il s’y passe des scènes étranges venues de son passé. Elle devra faire la paix avec ce passé pour sortir de son coma.

Vous pourrez remarquer qu’ici le voyage entre deux niveaux, se trouve être le voyage entre rêve et réalité.

Je récapitule

Résumé schématique du processus total

Vous choisissez une carte parmi les 4 tas, vous en extrayez une idée minimale. Vous la retirez du paquet.

Vous continuez ainsi de carte en carte. De cette manière, vous vous faites un film que vous simplifiez : vous avez votre piste d’idée.

Vous continuez de nouveau avec les cartes pour développer la piste : vous avez votre idée.

Avant de finir…

Voici l’idée que j’ai trouvée pour une création d'objet :

  • j’achète une lampe, avec un bel abat-jour
  • je fais des découpes en forme de feuilles sur l’abat-jour
  • les feuilles peuvent prendre différentes formes : simples, feuilles d’érables, etc
  • je bouche les trous avec des calques colorés en jaune, orange et rouge

En très rapide, c’est un arbre rouge qui m’a évoqué l’idée de la lampe ; de l’eau m’a évoqué d’utiliser différents degrés de transparence (d'où les calques colorés), et des feuilles m’ont évoqué l’automne (d’où les couleurs automnales jaune, orange et rouge).

Vous voyez, ça fonctionne dans bien des domaines. Et vous pouvez même utiliser la technique à plusieurs. Il suffit d’alterner les interventions de chacun.

Sur ce, je vous laisse à vos créations : vous avez carte blanche !

1 : source : Savoir maîtriser sa mémoire, p. 107, édition Retz 1997 ; voir version de 2014

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Ma vie, c’était comme un vélo crevé, qui n’arrivait pas à rouler. Alors, j’ai cherché des solutions partout. Et j’ai fait de nombreuses découvertes. Comme…

Pourquoi utiliser une “tout doux liste” plutôt qu’une todo list ? Pourquoi la méthode VIF rend-elle plus efficace ? Quel est le mode d’emploi de la bienveillance ? Et c’est quoi la carte du bonheur ?

Puis un jour ça m’est tombé dessus : j’ai découvert que j’étais autiste… Ça expliquait mes difficultés et mon regard tout particulier sur les choses. Aujourd’hui, j’aimerais vous le faire partager. Alors pour commencer à changer… démarrez ici !

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